Fille de pirates

Poésie écrite pour ma famille de pirates, offerte à ma maman capitaine de vieux-grement, qui tient le Cap Marseille avec la Flâneuse.

Etre une fille de pirates
c’est grandir sous des bastaques
cheveux emmêlés au vent
Le soleil en colorant
Le regard vers l’horizon
La mer comme seule maison

Dans le Sinbad à Port-miou
Un poulpe mijote à feu doux
Tu dors dans l’humidité
Lampe de pétrole allumé
Tu te réveilles en sursaut
Quand tes chiens rentrent au bateau

Au rythme de la calanque
En été comme en hiver
Quand la reinette est en mer
Tu vas poser des palangres
Et à l’aube des marins
Les hameçons t’arrachent les mains

Quand tu vois Capitaine Jeanne
A la barre de sa Tartane
Même le grand Napoléon
Décampe du Lacydon
Même le phoque est dehors
Il vaut mieux virer de bord

Et même par temps de pétole
Toutes les voiles s’affolent
Elles sont à la parade
Pour illuminer la rade
Chiens des ports
Et chiens des quais
La regardent émerveillés

Quand ta mère est capitaine
Un bateau dans chaque port
Au pied d’un mât de misaine
Jamais tu ne perds le nord
Tu auras ta bonne étoile
Toujours là pour te guider

Sur son bateau amiral
La rade entière s’en régale
La Flâneuse a sur son pont
De tous lieux tout horizon
Des fraudeurs et des traders
Des poètes, des vagabonds

Quartier sud ou quartier nord
Sourires et voiles dehors
Elle te les embarque à bord
S’intéresse à chaque sort
Un père noël des Comores
Et des Marseillais de tous bords

A la barre du Nénuphar
Elle navigue de ports en phares
Sur les eaux de l’Atlantique
Avec son breton authentique
Se met la rate au cours bouillon
De fruits de mer et de poissons

C’est à bord du Vagabond
Qu’elle manœuvre dès le ponton
Largue ses amarres de l’Estaque
Sur le Frioul, elle met le Cap
Sur sa mer méditerranée
Encore tu la verras flâner

Elle te berce au clapotis
Vers Port-Cros elle te conduit
Tes habits sont toujours trempés
Les embruns viennent te fouetter
Des bouts de sels sur tout le corps
Et toi, tu en demandes encore

On a vu capitaine Jeanne
Tenir la barre de Shitane
Sur les îles des Antilles
Elle embarque sa famille
Et même si on y perd ses tongs
Elle nous en apprend de longue

Pas de repos pour les bambins
Les petits enfants de marins
Janis au poste au taquet
Et Mahé sur la drisse pour hisser
Vivre libre, c’est naviguer
Sous le Mistral ou l’alizée

Quand ta mère est une pirate
Elle organise des régates
Qui sont internationales
Où personne ne crève la dalle
Couscous plein les intestins
Apéro et chants de marins

Poumtchack au-devant de la scène
Les yoleurs sont dans l’arène
Y’a des gens partout sur les quais
On ne peut même plus circuler
Elle a bouché le Vieux-Port
La Sardine en boude encore

Sur le Noctilio de Port-Miou
Avec sa fille sur la proue
Ou sur le pont de l’Etoile
Avec ses hectares de voiles
Tu ne peux plus t’en passer
Une fois que t’y as gouté

Tape cul, grand-voile et misaine
Sur l’écume elle se promène
La jolie yole de Bantry
Et son équipage en folie
Et même sur le Saint-Laurent
On a chanté le Vaqui !

Quand t’aime la fille d’une pirate
Faut bruler tes cravates
Et même si t’as le mal de mer
Faut dire adieu à la Terre
Sous le vent, genoux au pont
Tu nourriras des poissons

Ma pirate de maman
Marin à contrecourant
Ne recherche pas de l’or
Elle suit un autre trésor
De pirates et de corsaires
Humanistes et solidaires

Si t’as le goût du voyage
La peur de rester en cage
La liberté comme espérance
A toi de tenter ta chance
Et vient à bord d’une galère
Tu n’auras plus de frontières

Ce texte a été écrit pour ma maman. Tout cela n’est qu’un morceau de l’histoire, et tout est vrai…

Ce contenu a été publié dans Poèmes. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Fille de pirates

  1. papillon dit :

    Superbe, que d’amour que de lumière que de beauté, tu est vraiment bien barrée. 😆❤❤❤❤

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *