Notre seule maison brûle
Et nous regardons ailleurs
Notre dame s’enflamme
Un drame pour ces âmes
Qui ont niché leurs prières
Dans la fraîcheur de ses pierres
Pour ceux qui s’émerveillaient
D’admirer tant de beautés
Cousues par les petites mains
De civilisations d’humains …
Pourtant juste derrière la dame,
un arbre pousse.
Dans un silence de temps neigeux.
Ses racines prennent place
Entre le goudron et le béton.
On y promène les chiens,
Pour qu’ils puissent uriner.
L’étudiant lit un bouquin,
Sous sa voute ombragée.
Aux sources de nos ignorances
Naissent de jolies croyances
Pour changer nos interrogations
En de rassurants points finaux
Pour abreuver nos questions
Sur l’origine des mondes
Pour poser de simples mots
Sur ces ombres qui morfondent
Ces bâtiments peuvent émouvoir
Ils illuminent des regards
Tant sont venus à ses pieds
Esperant se faire exhausser.
Elles naissent puis s’effondrent
Les croyances qui nous habitent
Les voutes qui les abritent
Les civilisations qui les fondent.
Nous autres, habitants de la terre
Capables du meilleur et du pire
Bâtissant temples et empires
Dressants des chefs d’œuvres de pierres
Tout en souillant pères et mers
D’attiser le feu des forêts
De polluer fleuves et rivières
D’assécher lacs et marais
Et même l’eau de la rosée
Tout en sauvant des édifices
Pour y prêcher des vérités
Tout en brûlant les âmes libres
De ceux là même qui choisissent
Un autre dieu pour espérer
A l’ombre des rosaces du vitrail
Les vierges restèrent muettes
Sous le regard des statuettes
De leur peinture qui s’écaille
Sur la surface de leurs moules
Des drames si laids se déroulent
Broyant les êtres et destins
Pendant que Jésus dort encore
Vêtu de son pyjama d’or
Malade, cloué à son lit
Condamné à observer
Sans jamais pouvoir se lever
Les belles âmes ensevelies.
Un jour, le toit s’est effondré
La voute céleste dévoilée
Met en lumière nos essentiels
Petits bouts d’âmes et de chaires
Qui rêveraient d’être immortels.
En récitant plein de prières
En mettant nos yeux dans les cieux
Se rassurer aux bras des dieux
S’imaginer que notre destin
N’est pas qu’entre nos seules mains
Déléguer nos vies à qui, ma foi,
Cloué sur une planche en bois,
Pourrait peut-être nous sauver??
On habille de divins
Nos fragilités d’humains
On couvre de tissus d’or,
Des statuts aux regards éteints
En laissant les vivants à nu
s’endormir dans un coin de rue
Dans la nuit froide d’un quartier
Étouffer leur souffle à jamais…
C’est ainsi que l’on fait ce monde
avec nos croyances infécondes
Cultivant nos incohérences
Écrasant toutes formes de bon sens!
Tantôt auteurs de symphonies
Tantôt écrabouilleurs de vies
Souvent les deux en même temps
Dans le non sens, tout est permis …
Les tricheurs règnent en maître
En surveillant leurs moutons paître
Ils balancent en quelques lunes
Des bouts de miettes de fortune
Pour calmer quelques souffrances
En rénovant des croyances
Comme si tous leurs pêchées
Seraient un jour pardonnés ?
Ceux la même qui s’étonnent
Que vêtus de vert ou de jaune
Des êtres puissent s’indigner
Par la déraison des hommes
Capables de tout faire cramer
Pour des petits bouts de papiers…
Ces petits bouts de papiers
Qui attisent le feu des forêts
Des bouts de feuilles d’argent sale
Alors que tant crève leur dalle
Sur le palier des cathédrales…
Doux Jésus dans son étable
N’ignore pas ce qu’il en est:
c’est sûr le dos des misérables
Et en brûlant notre maison
Qu’ils accumulent leur pognon
Sur des rectangles en papiers …
Brûlez moi vive s’il le faut!
Mais à vos dieux, je fais défaut !
Je viens nicher ma prière
Dans les replis de notre terre.
J’admire les belles constructions
Que la vie puisse encore nous faire
Dans le tronc d’un mangle médaille
Sous la voute d’une fougère
Devant l’édifice du corail
Qui forme de si grandes barrières
Dans cette amitié qui détonne
D’un poisson clown, d’une Anémone
Devant la vie sous toutes ses formes
Qui nous émeut, qui nous étonne
Mon dieu ne dort pas sur sa planche
Il nage, il vole, il rampe et danse
Il broute, croasse, chante et m’enchante
Il porte des écailles, poils ou plumes
Milles pétales de couleurs
ou la blancheur d’une lune
L’ amour d’un coq et d’un poussin
Les fous rires de mes enfants
La tendresse de mes parents …
C’est dans les recoins de la terre
Et des miracles qu’elle a pu faire
Que je dépose ma prière :
Notre dame qui n’êtes aux cieux
Que votre volonté soit une fête
Demandez à tous vos dieux
D’éteindre les milles feux
Qui brûlent notre belle planète …
Jessica C.