Lors d’une promenade dans les mornes de Balata, en Martinique.
Ce matin, bercée d’alizés,
J’ai eu l’envie de m’échapper
De notre vacarme d’humains,
Poser mon âme sur ton chemin.
J’ai quitté la route goudronnée,
pour une petite allée de terre,
puis j’ai abandonné l’allée
pour un sentier dans la lumière.
En frôlant des tiges, des épines
Je dépassais les dernières ruines
vestiges d’un passé habité,
Un passé de lutte et d’abîmes.
Les herbes grimpaient à l’escalier
Les racines encerclaient les murs
Les pierres s’habillaient de verdure
La mousse couvrait le carrelage
Les arbres poussaient dans le salon
Les chauves-souris, d’humeur volage,
dansaient au-dessous des plafonds.
Maintenant que j’y repense,
Déjà, je sentais ta présence.
Peut-être que tout fini sauvage,
dans l’antre d’une belle forêt,
sous un tapis de feuillages
Que rien ne s’éteint à jamais.
Là où l’on croyait mourir,
une nouvelle racine pousse
Une fougère, une mousse,
Un bourgeon prêt à s’épanouir..
Quand je suis arrivée au bout,
J’ai abandonné le sentier,
Pour passer entre les bambous,
Et pénétrer dans la forêt.
Comme dans le corps d’un animal
J’ai senti ton souffle enchanté,
Je m’invitais dans tes entrailles,
l’air était chaud et arrosé.
Plus j’avançais, plus je vivais.
Le vent soufflait dans les feuilles
Elles se caressaient en dansant,
ta musique et ton joli chant
se sont unis pour me cueillir.
Nous étions dans la même ronde
Je n’étais plus l’intrus d’un monde
Je devenais un bout de lui.
Plus aucun bruits de voitures,
plus de voix d’hommes,
plus de blessures
si loin du rythme assourdissant
qui m’avait isolé de toi,
si loin du boucan aveuglant
qui m’avait éloigné de moi.
Mes doigts caressaient ton écorce,
tu murmurais quelque-chose:
J’ai senti la mélancolie,
Et…faire l’amour à la vie…
C’est tout ce que j’ai compris
Après, très vite, je suis partie…
Je me suis sentie submergée
J’en suis encore toute retournée
C’est que je n’ai plus l’habitude
de te sentir, de t’écouter
De prendre une telle altitude.
Promis, un jour je reviendrai
me replonger dans ta rosée…
Petit pèlerinage bucolique si bien raconté. Merci on s’y croirait !