Poème de septembre 2021. Nous sommes dans des périodes étranges, nous parlons de masques, de vaccination, et de bien d’autres choses. La Martinique est confinée depuis plusieurs semaines.
Aimé, ce n’est pas une blessure sacrée que j’habite.
C’est une blessure humaine.
Terriblement humaine.
Une plaie ouverte qui tente de s’apaiser
Avec la caresse des arbres,
Avec la chaleur des soleils couchants,
Avec le balancement de la mer,
Avec les rythmes partagés,
Avec les chants du sacré.
Madinina abrite notre peuple de mélangés.
De toutes couleurs, de toutes beautés.
Un peuple qui s’acharne à se faire confiance
Sans pour autant y arriver.
Entre les uns, les autres, il y a la défiance.
Les douleurs imprégnées
abîment les complicités.
Madinina abrite un peuple blessé.
Alors pour se soigner,
Madinina puise l’énergie dans les vents, les mers, les forêts.
Et cette plaie reste béante,
Parfois elle se met à saigner.
Madinina a été empoisonnée.
Ces poisons n’ont rien de sacré.
Blessé, le peuple se maltraite lui-même.
Il ressent l’amour emmêlé à la haine.
Il porte d’invisibles et tenaces chaînes
Qui nous éloignent de la paix.
Ces blessures maltraitent notre destin.
Notre liberté. Elles serrent nos chaînes.
Nous voilà brisés par ceux qui font de nous des ressources.
Des ressources humaines.
Madinina aimerait avoir confiance. Elle n’y arrive pas.
Comment faire quand on a été trompé tant de fois ?
Alors pour survivre aux plaies infectées,
Madinina cherche sa subsistance, dans le sacré.
Comme un véritable allié.
Et le voilà qu’il s’absente,
Il prend la tangente.
Il ne peut tout réparer,
Alors il laisse des âmes s’envoler.
Car la blessure n’est pas sacrée.
La blessure est humaine. Terriblement humaine.
Et qu’il n’y a que des humains qui pourront la soigner.
Avec des actes, du respect.
Pour le peuple d’où qu’il vienne,
de toutes teintes, toutes croyances
et entre chaque morceau de nous-même.
Le chemin parait encore si long, si rude,
Pourtant, il en vaut bien la peine…
😍❤️