Je n’imaginais rien de cela
Protocoles et cartes
Matériel et masques
Puis un jour, on embarque
Nous voilà tous à bord
C’est enfin l’heure,
De s’éloigner du port
Il y aurait l’Armée, d’un côté
De l’autre, les amis de la biodiversité?
Bref, comme toutes les généralités
Rien de cela n’était vrai.
Sans la regarder de la même manière
Nous aimions la même mer.
Il n’y avait pas, d’un côté,
Les tireurs de canons
Et de l’autre,
Les curieux du planctons
D’un côté, les guerriers
Qui portent l’arme avec honneur
Et de l’autre, les émerveillés
Des cétacés et des fleurs.
Il y avait des humains
Avec la mer comme destin
Il y avait des marins
Nous tirions sur les mêmes bouts
Faisions cap vers la même route
Arrosés des mêmes embruns
Et jour après jour, avec respect,
Nos ressemblances se sont dévoilées.
En chacun de nous
Il y avait des espérances,
des maladresses,
Et ce même besoin de tendresse
Celui là même qui nous relie
Celui la même que l’on oublie
Quand nos folies mènent en guerre
Quelques soient les grades,
Uniformes trop repassés
Tee-shirt sales et délavés
Nous étions des gens des mers
Avec nos rêves et colères.
Sous la protection de Jules et d’Adèle
A leurs postes, sur la passerelle
Des moteurs au pont,
De l’infirmerie à la cuisine
Que de sacrés caractères
Des plus doux aux plus fiers
Avec des jardins secrets, des galères.
Et nous dansions sur le même pont
Entonnions les même chansons
Je me souviens de ces nuits
A la merci d’étoiles en furie
La passerelle sous la lune
Les quarts sombres et nocturnes
Des rires et moqueries
Et de ces briefings à foison.
Nous avons remonté des paquets d’eau
Baigné des voiles de mariées
Pris des milliers de photos
Récolté de nouvelles données
Pourtant, ce que nous avons ramené
Ne sera dans aucun fichier
Nul rapport ne saurait le mentionner
Depuis, je n’ai pas débarqué
Les autres aussi tanguent encore
Comme si un bout restait à bord
Peut-être l’avez-vous trouvé ?
Ce morceau de nous qui traîne
Sous un bout, une chaîne
En échange, nous avons capturé
Des bouts du Dumont et des mers
Délicieuses prises de guerre
Bon vent à vous les marins
On vous souhaite d’accomplis destins
Nous aurons des yeux de complicité
Quand vous naviguerez dans la baie
Et nous croiserons les doigts
Même si votre métier, c’est aussi ça
Pour que vous restiez éloignés
Le plus longtemps possible
Des conflits de l’humanité
