Poésie écrite à Brest en octobre 2019. Mission en Bretagne, avec d’autres amoureux de la mer. L’image a été prise dans le magnifique Parc naturel marin d’Iroise.
Pourquoi des sentiments sont si forts à ton égard?
Est-ce parce que tu m’as toujours entourée, du plus loin que je me souvienne?
Est-ce parce que j’ai aimé plonger mes yeux dans ta lumière, celle des aubes, celle des crépuscules, au temps de mes amours naissants, à celui de mes premiers adieux ?
Est-ce parce que tu as offert les miracles de ta vie à mon père?
Est-ce parce que tu as bercé mes parents, mes enfants? Est-ce parce que tu as bordé nos histoires, tu as toujours été une porte, un passage, un espoir … parfois déçu.
Est-ce parce que tu as fait de ma mère une pirate alors que la terre n’offrait qu’un naufrage?
Est-ce parce que mes grands parents reposent en toi après t’avoir tant admiré ?
Est-ce parce que j’ai pu te contempler quand tu te reposais, avec tes couleurs invraisemblables, bercée par la chorale des pins?
Est-ce parce que je me suis endormie tant de lunes sur toi, en t’écoutant respirer ?
ou alors, parce que tu m’as parfois fait peur, quand j’étais dans tes bras et que tu étais bouleversée, sans dessus dessous, blanche d’agitation ? Est-ce parce que tu es la sauvage et l’imprévisible?
Est-ce parce que j’ai adoré m’évader sur des morceaux de bois plein de tissus, poussé par tes vents, caressant ta peau?
Est-ce à cause de l’émerveillement que tu m’as donné quand j’ai regardé au fond de toi, quand j’ai découvert la vie que tu hébergeais, celle qui brille, qui danse, qui soupire dans tes plis, dans tes mouvements ?
Pourquoi je respire mieux avec toi qu’ailleurs ?
Peut-être que nous avons tous un morceau de toi au fond de nos âmes ?
Peut-être parce que tu es le lien, celle qui relie le vivant, les terres qui nous abritent… Peut être que nous venons tous de tes abysses, peut-être que nous y retournons?
Peut être parce que tu es notre mer à tous…
ou non. c’est autre chose mais je ne sais pas vraiment pourquoi.
L’issue est la même, me voilà tombée en amour pour toi, de ta surface à tes profondeurs, et je partage cette folie avec tant d’autres… tu nous subjugues… tu nous submerges…
Nous voyons tes glaces fondre en larmes; nous sentons ton souffle s’étouffer. Et le notre aussi.
C’est vrai que l’on tente d’apaiser les souffrances que nous t’infligeons et qui te saignent, et qui nous saignent. Nous les bouts de la communauté du vivant .. mais ce n’est pas assez. loin de là. Et jusqu’où iront nous? Et eux?
Allez laisse-moi te contempler encore. Tu es si belle, la mer. Mon trésor.
Sûr que des sirènes te soufflent des mots que ton cœur couche sur le papier.
Excellent poème, j’adore te lire.